L'emploi du nom divin est-il une condition pour le salut ?
Pour les Témoins de Jéhovah, connaître ce nom et l'utiliser est une condition du salut et de l'exaucement des prières. L'utilisation de ce nom est aussi pour eux une caractéristique de la vraie religion, de sorte que ceux qui n'adorent pas Dieu avec le nom «Jéhovah» ne font pas partie du peuple de Dieu, et par conséquent, sont des apostats (Vivre éternellement, p. p. 44,185; Comment raisonner, p. 386).
Pour appuyer leur enseignement les Témoins avancent Romains 10:13 et Actes 2:21 où nous lisons dans leur traduction «quiconque invoquera le nom de Jéhovah sera sauvé». Il y a deux vérités à souligner ici:
- D’abord, dans le texte original, nous ne trouvons pas ici «Jéhovah» mais «Seigneur».
- Puis, même si c’est une citation de l’Ancien Testament qui concerne Dieu le Père, l’auteur inspiré l’applique à Jésus-Christ comme le contexte le montre clairement.
Donc, il est question ici de l’invocation du nom du Christ et non de celui du Père. En effet, nous lisons que si nous confessons Jésus comme Seigneur, et si nous croyons que Dieu l’a ressuscité, nous serons sauvés (v. 9 voir aussi v. 14). Dans le livre des Actes des Apôtres, on invoque et on fait connaître le nom du Christ pour le salut de l’humanité (3:6, 16; 4:12; 9:14-16, 21; 10:43; 15:26; 16:18). Il est clair que notre salut ne dépend pas de la prononciation d'un nom quelconque qui aurait un pouvoir magique. Etudions quelques faits qui démontrent la fausseté de cet enseignement de l'Organisation.
1. L'absence complète du nom divin dans le Nouveau Testament nous montre que notre salut ne dépend pas de son utilisation.
Si l'utilisation du nom divin était une condition pour le salut et un signe distinctif de la vraie adoration, ne devrions-nous pas nous attendre à le voir employé dans les écrits du Nouveau Testament qui sont la base de la foi chrétienne ? Comme nous l’avons souligné, aucun des milliers de manuscrits grecs parvenus jusqu'à nous, ne le contient pas même une seule fois, tandis que les différents noms et expressions hébraïques ou araméens tels que «Amen», «Hosanna», «Maranatha», «Emmanuel», «Talitha koumi», «Eli, Eli, lama sabachtani» y sont préservés. L’Organisation avance souvent l'expression «Alleluya» pour dire que le nom s'y trouve. Mais cela ne peut pas être une preuve de leur théorie, étant donné que celui-ci n'est pas un nom mais une expression de louange.
2. La permission divine de la disparition de la vraie prononciation du nom YHWH nous montre également que notre salut ne dépend pas de la prononciation ou de l’utilisation du nom divin.
Si la vraie prononciation de celui-ci a disparu, et si la prononciation «Jéhovah» est née des mélanges des voyelles des noms substitutifs avec le Tétragramme, pourquoi faut-il encore insister sur son emploi erroné ? Pourquoi affirmer encore que Dieu s'appelle «Jéhovah» ? N'est-ce pas du fanatisme ?
3. Jésus-Christ et ses disciples connaissent bien Exode 3:15 et Esaïe 42:8, malgré cela ils n'utilisent pas le nom divin à la manière de l'Organisation.
Ils n'enseignent jamais que notre salut, l'exaucement de nos prières et la véracité de notre adoration dépendent de l'utilisation de ce nom. On ne voit aucune exigence ou encouragement dans ce sens dans le Nouveau Testament. Contrairement à cela, nous constatons que Jésus-Christ et ses disciples suivent sans critiquer ou dénoncer la coutume de l'époque concernant l'utilisation du nom divin qui demande de le prononcer par des noms substitutifs (Adonaï ou Elohim). Ils utilisent d'autres expressions pour éviter d’utiliser ce nom. Par exemple lorsque Jésus-Christ dit «le royaume des cieux», il utilise «les cieux» à la place du nom divin «YHWH». Lorsque l'apôtre Jean dit «celui qui est, qui était», il l'emploie à la place du nom divin (Ap 1:8). On peut multiplier les exemples, mais cela nous suffit pour montrer que l’emploi du nom divin n’est pas une condition de salut, et qu'il est tout à fait légitime d'utiliser les noms substitutifs à la place du nom YHWH.
4. Le Nouveau Testament nous encourage à nous adresser à Dieu comme notre Père au lieu de Jéhovah.
Jésus-Christ et ses disciples enseignent et encouragent les chrétiens à glorifier Dieu en utilisant le nom «Père». Le Nouveau Testament est rempli d’exemples où Jésus-Christ et ses disciples s'adressent à Dieu en l'appelant, non pas Jéhovah, mais «Abba, Père». Jésus-Christ utilise le mot «Père» seize fois dans les seuls trois chapitres du sermon sur la montagne (Mt 5-7) et «le Père», est mentionné dans le seul Evangile de Jean plus de cent dix fois ! La Bible nous l’assure: lorsque nous acceptons par une foi réelle Jésus-Christ comme notre Seigneur et Sauveur personnel, nous devenons les enfants de Dieu (voir Jn 1:12). Dans cette position d'enfant, il est tout à fait légitime que nous le reconnaissions comme notre Père. Comment appelez-vous votre père terrestre ? Par son nom personnel ou par le terme «père» qui révèle un tendre lien de famille ? Même si nous connaissons le nom personnel de notre père terrestre, nous préférons toujours l'appeler: «père». Quand éprouvez-vous le plus de plaisir ? Lorsque votre enfant s’adresse à vous par votre nom ou lorsqu'il vous appelle: papa ou père ?
5. Le Saint-Esprit, que Jésus a envoyé, poussait aussi les chrétiens à appeler Dieu, non pas Jéhovah, mais: «Père».
«Et parce que vous êtes des fils, Dieu a envoyé dans notre cœur l'Esprit de son Fils, qui crie: «Abba! Père!» (Ga 4:6).
Et encore:
«En effet, vous n'avez pas reçu un esprit d'esclavage, qui ramène à la crainte, mais vous avez reçu un Esprit d'adoption filiale, par lequel nous crions: «Abba!-Père» (Rm 8:15).
Oserait-on affirmer que le Saint-Esprit encourage la voie de l'apostasie, en poussant les croyants à appeler Dieu «Père», et non «Jéhovah» ? L’Organisation avance souvent les versets suivants dans le but de prouver que Jésus utilise le nom divin: «Que ton nom soit sanctifié» (Mt 6:9). «J'ai fait connaître ton nom et je le ferai encore» (Jn 17:26); pourtant ces versets ne prouvent absolument pas l'emploi du nom divin par Jésus. D'un côté pour justifier son ajout le nom divin dans le Nouveau Testament l'Organisation prétend que le nom était déjà utilisé couramment à cette époque et de l'autre elle déclare que Jésus fait connaître ce nom à ses contemporains. Est-ce qu'on peut faire connaître quelque chose qu'on connaît déjà ? De ce fait, comme les Juifs connaissent déjà le nom divin (même s'ils ne le prononcent pas), Jésus n'avait pas besoin de le leur faire connaître au sens propre du terme. Dans l’usage biblique, le nom ne sert pas seulement à identifier une personne, mais aussi à désigner son caractère et sa personnalité. En effet, selon le langage biblique, «glorifier le nom de Dieu» revient à dire «glorifier Dieu lui-même», «oublier le nom de Dieu» revient à dire «oublier Dieu», «connaitre le nom de Dieu» signifie «connaître Dieu lui-même», «sanctifier le nom de Dieu» revient à «sanctifier la personne de Dieu», «faire connaître le nom de Dieu» signifie aussi «faire connaître Dieu lui-même» et non le vocal de son nom. C'est pourquoi dans les versets avancés par l'Organisation, il est question de faire connaître le caractère et la personne de Dieu. Comme il est dit en Jean 1:18, Jésus-Christ, effectivement, fait connaître ce Dieu invisible et inapprochable par sa vie et par ses paroles, d'une façon très personnelle et intime. Surtout, lorsqu’il le révèle comme notre «Père céleste».
Quand nous prions en disant «que ton nom soit sanctifié», nous disons que la personne ou l'être de Dieu soit connu et respecté dans l'univers entier, par toutes ses créatures, et non par la simple évocation d'un nom littéral. Si Jésus sous-entendait l'utilisation du nom divin, il aurait dû l’utiliser dans cette prière. Or il ne la commence pas en disant «Jéhovah» mais: «Lorsque vous priez, dites: «notre Père qui es aux cieux !» (voir aussi Jn 17:11, 12). Dans ses conversations, dans ses enseignements et dans ses prières, Jésus-Christ utilise couramment le nom «Père» (voir Mt 6:9; Jn 11:41; Mc 14:36) et il veut que ses disciples fassent de même. C'est pourquoi les disciples, suivant son exemple, emploient le nom de Père dans leurs conversations et dans leurs lettres envoyées aux croyants. Peut-on affirmer que tous ces chrétiens suivent la voie de l'apostasie?
L'absence du nom divin dans le Nouveau Testament n’est absolument pas une indication de l’altération du texte sacré. Cela témoigne d'une réalité et d'une volonté divine. Rappelons que le contenu de l'Ancien Testament est l'ombre des réalités à venir. Les différentes cérémonies, les fêtes, les sacrifices etc. trouvaient leur place réelle et leur signification dans l'œuvre et la personne de Christ. Serait-il inadéquat de dire que le nom divin de l'Ancien Testament trouve sa vraie place et sa signification dans le Nouveau, à travers le «Père» que Jésus-Christ nous a révélé ? Serait-il inapproprié aussi de dire que ce nom divin trouve son accomplissement ultime et sa réelle signification dans la personne et dans l'œuvre du Christ, qui porte le nom de son Père (voir Jn 17:11, 12)) ? Ne serait-il pas plus juste de reconnaître que le Saint-Esprit a conduit toutes choses pour qu’ainsi l'unité divine de Jésus-Christ avec son Père soit plus visible et confirmée ?
Voir aussi l'article : Les Témoins de Jéhovah et le nom de Dieu
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