Le Nouveau Testament et la traduction grecque de la Septante contenaient-ils le nom divin ?
Une chose est certaine: des milliers de manuscrits du Nouveau Testament parvenus jusqu'à nous dont une centaine remontent au IIème ou au IIIème siècle, aucun ne contient le nom divin, même une seule fois. La Septante, ainsi que la traduction classique de l'Ancien Testament utilisée par Jésus et les premiers disciples, rendent aussi le nom divin par «Seigneur». L’Organisation est tellement attachée à l'utilisation de ce nom, et gênée du fait que le nom divin ne se trouve pas dans le Nouveau Testament, qu’elle va jusqu'à prétendre que les premiers copistes ont altéré le texte grec, enlevant le nom divin pour le remplacer par «le Seigneur»:
«Alors pourquoi le nom divin est-il absent des manuscrits aujourd'hui disponibles des Ecritures grecques chrétiennes ou de ce qu'on appelle le «Nouveau Testament»? De toute évidence parce que, à l'époque où ces copies ont été faites (à partir du troisième siècle), le texte original des écrits des apôtres et des disciples avait été altéré» (Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, p. 772).
C'est une affirmation très grave, qui remet en question toute l'autorité, la fiabilité du Nouveau Testament. Quelle attitude irrespectueuse de la part d'une organisation qui prône un attachement exclusif à la Bible, tout en avançant de telles affirmations! L’Organisation ose s’attaquer à la fiabilité de la Parole de Dieu dans le seul but d'étayer et de justifier ses propres idées préconçues. De plus, s'il y a eu une altération sur ce point important, comment pouvons-nous être certains qu'il n'y a pas eu d'autres altérations sur d'autres points capitaux de la foi chrétienne ?
Sur quelle preuve l'Organisation se base-t-elle pour affirmer cela? L'Organisation s'appuie essentiellement sur les travaux de professeur George Howard, qui a étudié certains manuscrits découverts de la traduction Septante contenant le nom divin et datant du Ier siècle. Il a émis l’idée que «comme la Septante utilisée et citée par l'Église du Nouveau Testament contenait le nom divin sous sa forme hébraïque, les rédacteurs du Nouveau Testament ont sans doute conservé le Tétragramme dans leurs citations.» Donc, selon l’Organisation, si le nom est absent dans le Nouveau Testament, c'est parce que les premiers copistes l'ont altéré à la fin du Ier siècle après la disparition des apôtres. Mais est-il sage de tirer une telle conclusion à partir de ces manuscrits? (d'autant que la thèse de Professeur Howard n’est qu’une théorie, comme il l’admet lui-même); mais l'Organisation érige son enseignement sur cette théorie en déclarant :
«Nous souscrivons à ce que dit l’auteur, à ceci près : nous ne considérons pas cette manière de voir comme une «théorie», mais comme une présentation de faits historiques sur la transmission des manuscrits bibliques.» (Traduction du monde nouveau, édition de référence de 1995, Appendice 1d, p. 1682)
Ces manuscrits prouvent-ils réellement l'altération des textes du Nouveau Testament et de la Septante? Pas du tout! Un autre Professeur, Albert Pietersma, remettant en questions les travaux de Howard, a montré que ces manuscrits ne sont que des révisions ou corrections de la Septante. Donc, un texte révisé ou corrigé ne nous dit pas exactement ce qu' était le texte d'avant. Les réviseurs, ne voyant pas le nom, pourraient bien l'y introduire. Effectivement, Alexandre Philon, juif d’Alexandrie de la premier moitié du Ier siècle (avant la rédaction du Nouveau Testament) lorsqu’il lisait et citait la Septante, n'y voyait pas «YHWH» mais «Seigneur» (De Mutatione nominum Du changement des noms 11ss). L'absence totale du nom dans le Nouveau Testament témoigne aussi que la Septante utilisée par les chrétiens ne contenait pas le nom. Les indices montrent qu'il n'y avait pas une traduction unique et standardisé de la Septante. Par la suite, il y a eu des révisions de la Septante (pour les juifs) qui contenaient le nom (surtout lorsque les chrétiens se sont approprié la traduction de la Septante); les juifs hébraïsants et opposants à la foi chrétienne ont commencé à faire leur propre traduction, dans le but de combattre cette foi (surtout la divinité du Christ) et consolider la tradition juive, comme on le constate dans les versions de la Septante d'Aquila et de Théodotion qui, tous les deux, étaient d’abord convertis à la foi chrétienne puis en la reniant sont devenu judaïsant. Ils ont introduit tétragramme dans leurs versions voyant que la Septante utilisée par les chrétiens ne le contenait pas. Ce sont des chrétiens apostats, devenus hébraïsants, qui ont introduit le nom divin dans ces révisions postérieures de la Septante. Au cours de l'histoire toutes ces versions ont disparu (sauf quelques fragments) et seule la version classique de la Septante, qui ne contient pas le nom divin, est parvenue jusqu'à nous. Ces manuscrits révisés ou corrigés témoignent, en effet, le contraire de ce que l'Organisation essaye de montrer. En conséquence, la théorie de l’altération de la Septante et du Nouveau Testament, à partir de ces quelques fragments, est une parfaite ineptie.
Même si le nom était dans la Septante, cela ne changerait, rien étant donné qu'on avait l'habitude de le prononcer comme «Seigneur». Comme nous l’avons souligné le nom Yhwh se trouvait déjà environ sept mille fois dans l'Ancien Testament . Toutes les preuves convergent pour dire que cette coutume était en vigueur bien avant Jésus-Christ. Par exemple, on voit dans le Talmud de Babylone (Yoma, 39b; Tosephta, Sota, XIII, 8) que les prêtres du Temple cessent de prononcer ce nom à la mort de Simon le juste, vers 195 av J.-C.. L’historien juif Flavius Josèphe, issu d’une famille de prêtres, et contemporain des apôtres, dit vers 94 ap. J.-C. :
«Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler» (Antiquités Judaïques, II, XII, 4, p. 276).
Donc, au temps des apôtres, il n'était pas permis de prononcer le nom divin et celui qui prononçait le nom divin était considéré comme quelqu’un n'ayant pas part au monde à venir.
Une telle altération de la Septante et du Nouveau Testament n'est ni possible ni acceptable. Est-ce réalisable et logique qu'on réunisse tous les manuscrits existants, diffusés dans les différents continents du monde, pour ensuite supprimer le nom divin en le remplaçant par «le Seigneur» et cela sans laisser aucune trace ? Est-ce possible que 15000 manuscrits du Nouveau Testament, dont plus de 5000 en grec, soient tous altérés ? Est-il raisonnable de penser que Dieu, qui veille sur sa Parole, permette une telle falsification ? Pourquoi Dieu n’a-t-il pas permis qu’un seul manuscrit du Nouveau Testament en grec contenant son nom subsiste ? Une autre question importante encore: pourquoi ces premiers copistes n’ont pas pu aussi enlever le nom divin de l’Ancien Testament en hébreu, et pourquoi les juifs n’ont-t-ils jamais faits de reproches aux chrétiens d’altérer la Septante en enlevant le nom ? Il faut aussi préciser que non seulement le Nouveau Testament, mais aussi les écrits apostoliques (La Didachè, Epitre de Clément, Polycarpe etc. fin du 1ère et début de 2ème siècle) les écrits des pères d'église (Tertullien, Irénée, Justin, Ignace, Origène etc) ne contiennent pas le nom divin, même lorsqu’ils citent l’Ancien Testament contenant le nom divin. Les premiers copistes les ont-ils aussi altérés ?
De plus, les plus anciens manuscrits découverts du Nouveau Testament, montrent la fausseté de cette théorie. Dans le Papyrus Bodmer II qui est daté début du IIème siècle, et qui contient Jean 12:34-38, 38-42, et 12:12-16, n’apparait pas le nom divin. Pourtant ces versets citent Psaumes 118:25-26 et Esaïe 53:1, où le nom divin est mentionné. Malgré ces preuves évidentes, l’Organisation ajoute le nom divin dans ces versets et 237 fois dans le Nouveau Testament !
Voir aussi : La Traduction du Monde Nouveau et le nom divin
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