La plupart des Témoins seront sans doute d’accord pour dire que la doctrine du « poteau de supplice » est relativement mineure comparée aux concepts de base de leur foi. Ce n’est que tous les deux ou trois ans que la Watchtower publie une étude plus ou moins détaillée sur la croix, alors qu’elle revient régulièrement après quelques mois sur des doctrines majeures telles que la christologie, l’eschatologie et l’évangélisme. Quelle en est la raison ? Très probablement, parce que c’est une doctrine secondaire, servant uniquement de support à la théorie de « l’origine païenne » de la croix. Elle est bien moins importante que les doctrines centrées sur la prédication.
La Société se rend peut-être compte que sa doctrine ne résiste pas à un examen minutieux et critique. Le discours qui se résume au fait que les mots clés σταυρος, ξυλον et crux se traduisent uniquement par « poteau » est manifestement faux. Tout aussi fausses sont les hypothèses avancées par la Société pour amoindrir la portée de ces mots clés.
Lorsque la Watchtower discute de preuves, les articles qu’elle publie sont toujours beaucoup trop courts et, en général, réduisent à l’extrême les sujets abordés. Souvent d’ailleurs, l’exposé se résume à une série de citations tirées d’autres sources, comme celles du lexique de W.E. Vine. Les indices révélateurs tirés de la littérature classique et patristique sont écartés, ainsi que ceux fournis par l’archéologie et par la Bible. Chaque fois que la Société en fait mention, elle trouve toujours une raison pour expliquer les choses à sa manière. Ce qui est particulièrement grave, c’est la façon déshonnête dont elle a cité les anciens auteurs Lucien et Tite-Live, ainsi que des études plus récentes, comme celles des Commentaires Catholiques. (164) (Lire attentivement cette note 164)
Certains pourraient se demander pourquoi s‘attarder si longuement sur un enseignement mineur de la Watchtower. Disons qu’il y a deux raisons. Tout d’abord, comme le révéla Frederick Franz devant un tribunal, les Témoins sont dans l’obligation d’accepter les enseignements erronés de la Société comme vérités bibliques, et ce sans se poser de questions. Si quelqu’un s’aventurait à divulguer ses soupçons, déclarant ouvertement la fausseté d’une doctrine, il s’exposerait à l’excommunication. (165) Et cette mesure pourrait toucher les adeptes qui se mettraient à douter de doctrines mineures, comme celle du « poteau de supplice ». Il est vrai qu’on ne saura jamais, avec certitude absolue, quel type d’instrument fut utilisé pour exécuter Jésus. Toutefois il y a des preuves – des preuves très solides – pour que ce soit la croix. Quelle doit donc être l’attitude d’un Témoin s’il en arrive à ne plus croire ce qu’écrit noir sur blanc la Société en matière doctrinale ? Comment est-il supposé agir lorsque sa propre Bible, la Traduction du Monde Nouveau, déclare faussement qu’ « il n’y a donc aucune preuve que Jésus Christ ait été crucifié sur un poteau vertical surmonté d’une traverse horizontale » ? (166) Ce n’est sûrement guère facile pour une telle personne d’acquérir une certaine indépendance de pensée.
Deuxièmement, cette étude a démontré qu’il est fallacieux de favoriser sans cesse la « signification de base » d’un mot et de le réduire à ses paramètres sémantiques. Il est surprenant de constater que les doctrines les plus cruciales des Témoins doivent leur existence à ce cadre restrictif de l’étymologie. Cela vaudrait la peine d’examiner si παρουσια doit réellement être défini par « présence », κολασιν par « retrancher », et αιδης par « tombe ». La restriction sémantique appliquée dans la doctrine du « poteau de supplice » se retrouverait très probablement dans d’autres enseignements.
Voir aussi cet excellent dossier : Que répondre aux Témoins de Jéhovah sur le Christ cloué "à un poteau" ? - christroi.over-blog.com
Commentaires
Lorsqu'en 1991 je suis allé en vacances en Grèce, ma curiosité pour la langue a été piquée. A la rentrée 91, au lycée, je me suis mis à apprendre l'alphabet grec par pur plaisir. Peu de temps après, je suis allé feuilleter un dico grec-français en librairie, je suis allé directement au mot croix et... miracle! encore aujourd'hui quand un grec parle de la croix, il utilise le mot stauros. D'ailleurs, en Grèce il existe de nombreux lieux qui font référence à la croix du christ, comme Stauros Accrotiry "ou Stavros Accrotiry".
Pour conclure, la WTS est bien plus forte en communication qu'en exposé scientifique sérieux... La croix n'est qu'un exemple de la légèreté de ses analyses et l'illustration parfaite de sa partialité et de sa falsification des faits... Si la WTS écrivait une thèse comme elle mène ses"études" de sujet sensible, elle serait tout bonnement recalé avec les hués du jury et renvoyée sur les bancs de l'école "qu'elle n'aime pas trop d'ailleurs"
C'était mon petit billet de méchanceté... Mais elle le vaut bien!